Dans le grenier familial, j’ai découvert dans un carton de vieilles partitions de musique pour violon. Je ne suis pas du tout musicienne mais j’adore le graphisme de la clé de sol, des notes qui semblent courir sur les portées et de tous ces symboles qui guident les musiciens.
Les partitions jaunies par le temps, rongées sur les bordures, parfois même le papier décomposé m’ont séduite mais plus particulièrement celle concernant le superbe poème de Ronsard « Mignonne allons voir si la rose …. »
Qui n’a pas étudié et appris ce magnifique poème.
Souvenez-vous :
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puisqu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
C’est un poème sur la fuite du temps.
La première strophe évoque l’éclat de la jeunesse.
La deuxième strophe constate les dégâts du temps, la vieillesse. Ronsard pleure la fragilité de la fleur, de la beauté et de la vie.
Dans la troisième strophe le poète incite à profiter de la jeunesse, de la vie.
En cette période hors du commun, n’est ce pas une très belle invitation à profiter pleinement des bons moments de la vie …..
Inspirée par ce poème, j’ai créé petit à petit cette nouvelle toile, non sans avoir au préalable réalisé plusieurs esquisses au crayon pour vérifier la mise en page.
Avec hésitation, j’ai déchiré la partition. Était ce un sacrilège ?
J’ai collé harmonieusement des morceaux de la partition de musique sur la toile, j’ai recouvert ensuite d’un lavis marron. Selon l’épaisseur de colle, la peinture a pénétré dans le papier de partition créant des ombres. Puis, la présence d’un violon s’imposait. Armée de mes pinceaux, mes couteaux et de la peinture acrylique, je me suis mise à l’ouvrage.
Pour évoquer la beauté de la jeunesse, j’ai imaginé un masque de dentelle vénitien sur l’ombre d’un visage volontairement flouté, est ce Cassandre, la jeune adolescente pour qui Ronsard a écrit ce poème ?????
Pourquoi ajouter une rose bleue ? ……. elle évoque le mystère, l’atteinte de l’impossible, l’espoir éternel ou la pureté d’un amour impossible.
On croit que la rose bleue est capable d’apporter la jeunesse à celui qui la détient ou de réaliser ses vœux.
Deux pétales de rose détachées rappellent que la rose comme la beauté est éphémère et se fane vite.
Quelques rappels de blanc, de bleu par ci par là et voici ma toile terminée après deux couches de vernis pour intensifier les couleurs.
Je vous présente « Au gré du violon » – acrylique sur toile (50×37 encadré).
Je vous invite à découvrir mes autres créations sur mon site : luniversdevelyne.simplesite.com
Evelyne des Talents de Pralognan